Joseph, l’homme qui sauva Dieu (Frédéric Gatineau)

Ci-après un texte de Frédéric Gatineau, prêtre du diocèse de Corbeil-Essonnes, reproduit avec son autorisation.
(Paru dans « D’une rive à l’autre », 18 décembre 2022).

Il est bien difficile d’imaginer la tristesse de Joseph. Sa bien-aimée, sa promise est enceinte et il ne comprend pas. Sa première décision est rationnelle, raisonnable et logique. Il décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet… Les projets, les projections, les bilans, les plans, les programmes, les calculs, les schémas… Tout cela pouvait conduire et devait conduire à la décision finale. La raison plaidait pour cette solution. La loi de Moïse plaidait pour cette solution. La religion plaidait pour cette décision, et son orgueil blessé de fiancé plaidait pour cette décision.

« Répudier en secret » mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire? L’enfant va grandir en Marie, il va prendre sa place. Ça finira par se voir qu’elle est enceinte, ça se saura. En secret ou pas, répudiée, Marie court le risque de toutes les femmes répudiées et réputées adultères. Si Joseph l’a répudiée alors qu’elle porte un enfant c’est qu’elle a été infidèle, elle est donc potentiellement passible de la peine prévue pour les femmes infidèles : la lapidation.
Un jour, bien plus tard, Jésus sauvera une femme de la lapidation. En renvoyant chacun à sa conscience il cassera la foule compacte prête à exécuter la Loi en s’apprêtant à exécuter la femme.

Le jour où Joseph apprend la bouleversante nouvelle, il ne va pas d’abord agir, il va dormir. Le sommeil est un très bon médicament pour l’âme, pour l’esprit et pour le corps. La nuit de Joseph va lui porter conseil. Joseph a eu la sagesse de dormir. Et l’ange lui a parlé dans un songe. On peut donc baser sa vie sur un songe ! Le songe c’est peut-être la part de spirituel, de souffle, d’inspiration, la part de grâce dont nous avons tous besoin.

« Prends chez toi Marie et l’enfant ». Ce jour-là Joseph avait le pouvoir de sauver Marie, et non seulement de sauver Marie mais de sauver l’enfant qu’elle portait. Ainsi il n’est pas exagéré de dire que Joseph en sauvant Marie a sauvé le Fils de Dieu et même d’oser dire qu’il a sauvé Dieu sur Terre.

Joseph se réveille et il a décidé. Il a écouté le silence de Dieu. Il a pris chez lui Marie, son épouse, habitée par le Verbe. Ici, Joseph ne prononce aucun mot, il agit. Il parle en agissant.

Joseph n’est pas le géniteur, il sera le père. La paternité ce n’est pas qu’une affaire de génétique ou de biologie. Être géniteur, quand ça marche, ça n’est pas très compliqué. Cela ne demande guère d’efforts, ni de temps, ni d’attentions, ni de soins. En revanche être père, c’est autre chose. Élever, faire grandir, éduquer transmettre, accompagner, c’est l’affaire de toute une vie.

Joseph, selon la parole de l’Ange, c’est toi qui appelleras l’enfant « Jésus ». C’est ton rôle de père de le nommer, de le présenter au monde comme « Yeshua » c’est-à-dire « le Seigneur sauve ». C’est toi Joseph qui as sauvé le seul Sauveur.

Père Frédéric

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